sport de compétition et aliénation du corps

GrouCHOS

Groupe Contre l'Horreur Olympique et Sportive

analyse de l'institution sportive & critique du capitalisme

Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de diverses manières ; ce qui importe, c'est de le faire autre.

Karl MARX, XIème thèse sur Feuerbach

Patrick Bellegarde a soutenu une thèse de troisième cycle aux côtés de feu René Lourau à l'université Paris VIII en 1981 dans le champ des Sciences de l'Éducation. Le titre en était « les résistances au sport ». Le texte ici réédité porte le même titre et constitue un résumé de sa problématique. L'auteur est maître de conférence en sociologie et directeur d'un IUT appartenant à l'université de Perpignan.

L'intérêt de cette lecture, outre qu'il en était fait référence dans une précédente réédition, est surtout de porter à la connaissance du public un texte rare. Il a été publié (la première fois ?) en 1986 par la revue Quel Corps ? Or ce numéro a été très vite été épuisé.

L'intérêt se situe pourtant au-délà. Alors qu'il serait trop facile de réduire la résistance au sport à un simple mouvement d'humeur « anti-sport », ce texte démontre qu'une résistance consciente et soucieuse de connaître son objet, est aussi possible. En effet, le dit mouvement d'humeur est un pas nécessaire pour qui veut dissiper le brouillard idéologique du capital. Dans la période où nous vivons, ce pas ne peut qu'être pris pour celui de « la racaille » puisque la plupart des partis politiques français sont unanimes pour faire du sport un nouveau ciment social. Bien sûr, il n'est pas suffisant puisque l'autre moment à lier indéfectiblement au précédant est celui du concept : porter le sport au concept (pour paraphraser Hegel) pourrait être la devise qui résume tout l'intérêt de ce texte. Ces deux moments cumulés en appellent un autre qui les renforce en retour : celui de l'intervention. Ce moment reste bien une gageure vis-à-vis de laquelle peu osent s'engager.

La démarche de Patrick Bellegarde consiste à utiliser les ressources de « l'analyse institutionnelle » ; une méthode à ne pas confondre avec son homonyme dans le domaine du droit : celle-ci a (avait ?) clairement un contenu politique. Selon cette méthode, le sport est d'emblé considéré comme une institution : il a donc une histoire, il est soumis aux contradictions, il est une œuvre humaine. Le sport, comme toute institution a une réalité sociale spécifique (autonomisation), il a des liens non seulement avec d'autres institution (l'Etat, l'Armée, l'Ecole, l'Entreprise, l'Eglise), mais fait partie des rapports sociaux. Comme le dit Patrick Bellegarde, « l'a priori humaniste » fait du sport une idée : ce postulat empêche d'appréhender les contradictions sociales qui le traversent.

L'angle d'attaque, original, consiste ici à saisir les résistances au sport comme un révélateur de ce qui constitue en creux cette institution. Pour le lecteur non averti de ce courant des sciences humaines, il pourra se référer de manière non exhaustive au livre suivant : René Lourau, La Clé des champs. Une introduction à l'analyse institutionnelle, Paris, Anthropos, 1997. Ou encore se reporter ici ou .

La restitution de textes anciens peut contribuer au travail de prise de conscience face à l'idéologie sportive. Elle contribue dans une proportion déterminante à l'intervention. Bien sûr, l'intoxication sportive est réelle : elle implique une opposition réelle qui ne peut totalement s'identifier à une prise de conscience. Le moment singulier de l'intervention exige une rupture qualitative par rapport aux deux autres moments que sont « l'anti-sport » et celui du concept : travailler à ce qu'elle puisse exister en s'efforçant de rendre actuel des pratiques critiques passées dans le champ du sport : voilà de beaux travaux pratiques en perspective !

LES RESISTANCES AU SPORT

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